Maxime, 24 ans, et Jean-Louis ont cofondé Sunnycare. Avec leurs associés, ils s’apprêtent à envahir les plus grands festivals de l’été avec une borne intelligente qui fournit gratuitement la bonne dose de crèmes solaires, bio et adaptées au besoin de notre peau. Le but : prévenir les cancers de la peau. Interview avec Maxime Dupont.
Comment a débuté ton aventure entrepreneuriale ?
En 2017, j’étais en dernière année d’école d’ingénieur à Toulon et j’ai participé à un start-up week-end sur le thème de la mer. C’était surtout pour vivre l’expérience : partir d’une idée et travailler dessus pendant 72 heures avec une équipe. À ce moment-là, je suivais un parcours classique et je ne voyais pas l’entrepreneuriat comme un choix professionnel. C’est aussi pendant ce week-end que Jean-Louis, un ami d’école et maintenant mon associé, a rejoint le projet. Après ça, on a mis le projet de côté pendant quelques mois puis on s’y est intéressé à nouveau.
Sunnycare, c’est quoi exactement ?
L’idée, c’est d’implanter des bornes qui font de la prévention et qui luttent contre les risques du soleil en distribuant gratuitement une dose de crème solaire, bio et personnalisées. Concrètement, il suffit de répondre à trois questions sur la couleur de ses cheveux, sa peau et ses yeux. En fonction des réponses et de l’index des rayons UV captés, la borne nous informe de la protection dont on a besoin (30, 50, 50+), puis elle propose une bille de crème. Ensuite, un écran équipé d’une caméra permet de nous aider à appliquer la crème, comme un miroir. La borne indique aussi avec un signal lumineux, vert, jaune ou rouge, l’index UV en temps réel, un peu comme les drapeaux sur la plage.
Comment est née cette idée ?
On n’a pas vraiment de story telling autour de Sunnycare ! Tout est parti du fait que la prévention solaire mêlait des thématiques qui nous tiennent à cœur : l’impact environnemental et social. Le choix d’une crème solaire est important puisqu’il a un impact important sur les milieux marins. On s’est rendu compte également que la problématique de la prévention est un peu dépassée alors qu’il y a un vrai sujet sur l’éducation à la santé. Il y a un fossé entre les gens bien informés et ceux qui ne le sont pas.
De l’idée au projet, quelles ont été alors les étapes ?
Ça s’est construit au fur et à mesure. L’idée a été challengée plusieurs fois : c’est de l’intelligence collective. Moi, je suis arrivé avec mon idée de distributeur de crème solaire au start-up week-end en 2017, puis j’ai rencontré des designers, des graphistes, qui ont donné une forme à ce distributeur. Ensuite, lors d’un autre start-up week-end sur le thème de la santé, j’ai rencontré des personnes qui s’y connaissent en santé et qui m’ont donné des billes pour enrichir le projet. On est parti de la problématique de la prévention contre les cancers, puis on a creusé. C’est à la suite de plusieurs événements de ce type que le projet s’est affiné.
De quelles aides avez-vous bénéficié ?
Cette année, nous avons intégré le programme Pépite Start’up Ile-de-France qui nous permet de bénéficier du statut étudiant pendant un an après l’obtention de notre diplôme, donc de garder notre bourse, et de nous lancer en étant encadré. C’est comme ça qu’on a pu entrer à la Station F. Et puis il y a eu le programme Tous entrepreneurs d’Article 1, qui nous permet d’avoir un logement à Paris à moindres frais tout en étant accompagné. Ce qui est intéressant avec ce programme, c’est qu’il a une approche très complémentaire qui change un peu des autres types d’accompagnement. Ici, on va travailler sur les compétences transversales, les valeurs du projet, etc. Ça force à se poser les bonnes questions sur son alignement personnel.
Cet hiver, vous avez testé votre prototype à Isola 2000, quels ont été les résultats ?
On souhaitait analyser la réaction des gens face à une borne qui distribue de la crème solaire au beau milieu de la montagne, car ce n’est pas commun ! En amont, on avait travaillé avec Isola 2000 pour qu’ils relaient l’information et nous donne une légitimité. Ça a bien fonctionné et ça nous a confortés dans l’idée qu’il fallait qu’on travaille avec les lieux d’implantation.
Au-delà de l’innovation technique, il y a donc un travail partenarial ?
C’est presque le cœur du projet. Techniquement c’est un assemblage de choses qui existent déjà : de la crème solaire, une borne… En soi, il n’y a rien de particulier. Il y a un potentiel d’innovation à partir du moment où l’on transforme le produit en service. Le plus important c’est donc de réussir à rassembler des institutions de santé, des collectivités territoriales et des responsables de lieux d’implantation afin d’apporter une solution ludique qui sensibilise le plus de personnes.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Cet été, nous allons réaliser un tour de France pour distribuer 20 000 billes avec deux bornes. La saison va être lancée par une implantation au Festival de Cannes, puis sur de nombreux festivals, comme Musilac ou Solidays. Nous voulons aussi aller sur des plages privées pour tester notre impact dans ce milieu-là et légitimer notre démarche auprès des collectivités territoriales.
Pour terminer, si tu avais un conseil à donner aux futurs entrepreneurs ?
Il faut se lancer à fond, mais vraiment: aller sur le terrain et tester. Un des critères de réussite, selon moi passe, par la compréhension du besoin des utilisateurs et donc par l’expérimentation terrain.
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