Cheikh Moussa

Rouen

"La réussite n’est donc plus un mot vague aujourd’hui, réussir pour moi, c’est rendre ma mère heureuse."

Aîné d’une famille immigrée, on m’a très rapidement inculqué l’importance de la « réussite », mot vague mais qui porte en lui les sacrifices et les espoirs de ma mère, qui a quitté son pays avec ses 3 enfants, et qui a quitté mon père violent.

La vision que j’ai de ce mot est née par comparaison. J’ai ressenti le racisme très rapidement par le biais de mon Maître de CE2 qui se félicitait qu’un garçon « chocolat » puisse avoir de bonnes notes. J’ai ressenti la pauvreté quand on s’étonnait que je ne parte pas en vacances ou que mon cadeau de Noël soit des vêtements pour l’hiver et non pas des jouets. Les jugements on fait naître un sentiment d’injustice, de honte aussi.

Je voulais avoir autant que les autres, et mon but est devenu de quitter la pauvreté. J’aimais beaucoup l’école et mes professeurs, et c’est à eux que je posais toutes mes questions. J’ai donc suivi leurs conseils et mis l’accent sur mes études.

Je suis entré au prestigieux Lycée Pierre Corneille de Rouen où j’ai vécu de magnifiques années couronnées par la mention très bien au baccalauréat. J’ai intégré l’internat d’excellence Jean Zay à Paris dans lequel j’ai vécu pendant mes années de classes préparatoires. J’ai intégré le master Grande École de l’EM Lyon après les concours et suis en parallèle aujourd’hui un master en mathématiques appliquées dans le cadre du cursus ingénieur généraliste à l’Ecole Centrale de Lyon.

J’ai eu la chance de vivre 8 mois à Tokyo dans le cadre d’un stage chez BNP Paribas, et de faire un stage en salle de marché chez HSBC à Paris, mais il reste toutefois beaucoup à accomplir.

Ces expériences m’ont fait toucher du doigt mon rêve de réussite. Je veux veiller à ce que ma mère vive ses dernières années en se disant « c’était difficile, mais ça en a valu le coup ». La réussite n’est donc plus un mot vague aujourd’hui, réussir pour moi, c’est rendre ma mère heureuse.