"À l’avenir, j’aimerais que personne ne soit réduit à ses origines."
Je suis arrivée en France en décembre 2006. J’avais 15 ans. Ma famille est d’origine arménienne, mais nous avons vécu toute notre vie à Moscou. Mes parents étaient des sportifs professionnels. Ils ont choisi de venir en France pour nous donner le meilleur. Nous nous sommes d’abord installés à Carcassonne puis à Nevers. Je ne parlais pas le français. Nous sommes arrivés en cours d’année. Le collège m’a intégrée dans une classe spécialisée pour les cours de français. Nous ne pouvions suivre aucune autre matière, à l’exception du sport. Je me suis battue pour assister aux cours de mathématiques. J’ai eu le brevet mention très bien. À partir de là, j’ai pu rejoindre le meilleur lycée de la ville. Après mon bac littéraire et ma mention très bien, j’ai décidé de m’orienter en droit. Pour cela, il m’a fallu aller à Montpellier. Ma famille m’a suivie. Nous avons tous emménagé ici. Aujourd’hui, je prépare ma thèse de doctorat. Ma rencontre avec Article 1 a été déterminante dans la réussite de mon parcours. Cela m’a beaucoup aidée. À l’avenir, j’aimerais que personne ne soit réduit à son origine sociale, économique, familiale. Le dépassement est toujours possible. Il faut tout faire pour le rendre faisable. Il faut créer les conditions pour que chacun puisse déployer son potentiel. C’est l’affaire de tous. Et puis, il faut en finir avec la barrière de la langue, un obstacle qui reste surmontable. Moi, chaque fois que l’on m’a dit non, sous prétexte de je ne sais quelle idée reçue, ça m’a boostée.