Léonilde

Cap-Vert

"J'ai eu la chance de rencontrer des professeurs formidables. Ce sont eux qui m'ont poussée à aller le plus loin possible."

Je suis maintenant un master en affaires publiques à Sciences-Po avec une spécialité en politique publique. J’aimerais passer les concours de la fonction publique. Quand j’aurais ma nationalité française, je souhaite travailler à l’avenir pour l’État français. Je suis née au Cap-Vert. Mes parents ont émigré en France lorsque j’avais deux ans. Je suis restée vivre avec ma grand-mère. Je n’ai revu ma mère que lorsqu’elle est revenue à l’âge de 7 ans. Mes parents ne pensaient pas me faire venir en France, mais plutôt que je poursuive mes études au Portugal. Un drame familial en a décidé autrement. Quand à 13 ans je suis arrivée à Nice, j’ai débarqué dans un pays, une culture et découvert une langue que je ne connaissais pas. Cela a été très difficile de s’adapter. Mais après le décès de mon frère, l’école était devenue un refuge. Je ne voulais pas que ma mère soit déçue de moi. Au début pour contrer les moqueries des autres, j’ai redoublé d’efforts, notamment pour corriger mon accent. Faire des fautes de français me stresse toujours énormément. J’ai eu la chance d’avoir des professeurs qui m’ont encouragé et m’ont permis d’accéder aux classes et aux internats d’excellence. En 2015, j’ai été prise en classe prépa au lycée Turgot. J’ai été admissible à l’École normale supérieure. Malheureusement, j’ai échoué à l’oral de culture générale. C’est vraiment une épreuve très marquée socialement. Je me suis autocensurée et promis que plus jamais je ne me sentirais pas à ma place. J’ai vécu cet échec comme une forme d’injustice. Cela n’a pas été facile de repartir à la fac d’économie avant de rejoindre Sciences-Po. Mes parents n’ont pas compris, mais ils me soutiennent beaucoup. Je poursuis mes études en songeant à mon frère, je veux réussir pour nous deux. Cela me tient vraiment à cœur. Je veux un jour pouvoir dire aux enfants d’immigrés, oui, c’est possible, regardez, moi je l’ai fait.