Noam

Martinique

"J’ai très tôt eu envie d’être moi. Je n’ai pas accepté d’être enfermé dans un rôle."

A 18 ans, il m’a fallu venir en métropole pour suivre mes études et devenir qui je suis. En Martinique, le poids des traditions et la morale de la société étaient trop lourds. Mon père ne comprenait pas ma différence. Nous nous sommes souvent heurtés, cela n’a pas été simple. Enfant, je voulais faire partie des majorettes. Quand il l’a appris, mon père est entré dans une énorme colère. Il a pris ma baguette et l’a jetée par-dessus la falaise. Lorsque je suis arrivé à Paris,j’avais occulté toute une partie de mes souvenirs, tant j’avais appris à dissimuler mon homosexualité. Ici, je peux enfin être moi. Je vis à la résidence Saint-Denis d’Article 1, j’y ai mon studio. Mon père a toujours des difficultés pour me comprendre, mais avec le temps et la distance, les relations s’apaisent. J’aime la création, le design, la communication. Thibault Largeron et Fatoumata Cissokho d’Article 1 m’ont fait confiance et m’ont convaincu de mon potentiel. Grâce à leur bienveillance, j’étudie ce qui me correspond. J’ai cofondé une chaîne de podcasts : Stronger.

Je m’emploie à mettre en lumière les rôles modèles qui combattent les discriminations pour montrer aux autres, aux jeunes en particulier, qu’il ne faut pas avoir peur. La société veut parfois nous assigner des rôles qui ne nous correspondent pas. Il faut apprendre à résister, à dire non. J’en suis convaincu : plus on est déterminé à être soi, plus on est à même de s’affirmer pour être pleinement dans l’échange. Aujourd’hui, je n’hésite pas à prendre la parole pour me faire le porte-voix de la libre expression de soi. Outre le droit à la différence, le respect de la diversité, il faut chérir la tolérance. C’est la clé de notre société, la voie du bien vivre ensemble. Il faut lutter contre toutes les formes de discrimination. Aucune n’est acceptable. C’est un combat que nous devons mener tous ensemble, à chaque instant.