C’est un lieu d’un nouveau genre. Depuis quelques mois, 20 associations ont emménagé dans un immeuble de huit étages, au cœur de la capitale. Objectif : lutter ensemble contre les inégalités des chances dans un pays où 40 % des enfants de cadres atteignent le niveau master (bac + 5), contre seulement 9 % d’enfants d’ouvriers.

Cette colocation associative, qui réunit des structures œuvrant pour l’emploi, l’orientation, l’insertion par la culture ou encore contre le surendettement, est baptisée l’Ascenseur, en clin d’œil à l’ascenseur social, réputé en panne. Elle est inaugurée ce mardi 11 juin par le premier ministre Édouard Philippe.

L’idée a germé chez Benjamin Blavier, ex-cadre de SFR et coprésident d’« Article 1 », une association qui accompagne des jeunes de milieux populaires dans leurs études et leur accès à l’emploi.

À deux pas de la place de la Bastille

« En 2017, on cherchait des nouveaux locaux et c’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’on pourrait en profiter pour se réunir avec d’autres assos qui travaillent aussi sur l’égalité des chances », raconte Benjamin Blavier. Il va alors toquer à la porte d’une vieille connaissance, Saïd Hammouche, qui a créé le cabinet Mozaïk RH dont la mission est de recruter et d’accompagner des jeunes des banlieues. Lequel dit aussitôt banco.

Les deux vendent alors l’idée à Antoine Sire, directeur de l’engagement d’entreprise de BNP Paribas, qui décide d’accompagner le projet. En particulier, la banque trouve un bel immeuble haussmannien à louer à deux pas de la place de la Bastille. L’entreprise se porte aussi caution pour le bail et aide à l’emménagement.

L’Ascenseur, pépinière de l’égalité des chances

Collaborer pour innover

Entre septembre et décembre 2018, 20 associations partenaires s’installent. On y trouve à la fois des structures qui œuvrent dans le domaine de l’insertion par la culture (Les Concerts de Poche, Cinéma pour tous, Fête le mur…), que des associations qui aident les jeunes à trouver un stage (Viens voir mon Taf), les accompagne dans leur orientation (Télémaque, Article 1, La Chance), leur recherche d’emploi (Mozaïk RH, Cravate solidaire, Action emploi réfugiés), leur création de projet (Time2 Start, YesAcademia, Institut de l’engagement), les aide à prendre la parole (Eloquencia) et à s’investir dans du bénévolat (Benenova, Alteractions…). Cresus, qui lutte contre le surendettement, est là aussi.

D’ores et déjà, 200 personnes travaillent à l’Ascenseur. « On commence à imaginer des choses en commun, explique Benjamin Blavier. À Article 1, on intègre des ateliers de Cresus. L’institut de l’engagement nous aide à travailler sur les compétences transversales. »

« On peut faire bénéficier nos jeunes de plus de choses, c’est un peu la stratégie du guichet unique », renchérit Saïd Hammouche, qui estime que « les rencontres avec les entreprises qui organiseront des événements dans l’espace collectif du rez-de-chaussée permettront de créer des ponts ». « Le but, conclut Benjamin Blavier, c’est non seulement de collaborer pour innover mais aussi de faire essaimer nos bonnes pratiques et d’avoir un lieu où on peut porter plus fort le plaidoyer en faveur de l’égalité des chances. »