Dans sa volonté de lutter contre l’inégalité des chances, Article 1 souhaite accompagner les jeunes les plus défavorisés, que l’on retrouve au sein des milieux populaires, où s’accumulent de nombreuses inégalités. Mais comment les identifier ? De manière à pouvoir cibler nos publics de manière efficiente, nous avons déterminé un certain nombre d’indicateurs.
Vous avez dit classes populaires ?
On ne peut parler d’inégalités sociales sans aborder la notion de classes sociales et spécifiquement celle de classe populaire. Souvent au cœur des polémiques, elle réussit à diviser aussi bien les sciences sociales, que les médias et le monde politique. Il est vrai qu’il est difficile et délicat de catégoriser tout un pan de la population d’une société complexe en perpétuel changement. Mais l’analyse demande parfois de fractionner en grands ensembles la population dans l’objectif de mieux comprendre ses mécanismes.
Le sociologue Olivier Schwartz définit la classe populaire comme toutes les personnes qui ont “ une position matériellement et culturellement dominée dans notre société et dont les chances de vie et les conditions de vie sont marquées par un espace des possibles relativement restreint ” avec une précision importante : “ les milieux populaires ne sont pas nécessairement pauvres ni opprimés ”.1
La lecture de cette définition vient appuyer Article 1 dans sa réflexion autour de l’égalité des possibles.
Des critères objectifs pour identifier notre public cible
Le public que souhaite cibler en priorité d’Article 1 étant les jeunes issus de milieux populaires, il nous a fallu chercher des indicateurs pour pouvoir les repérer et les quantifier, dans le cadre de nos évaluations et mesures d’impact.
Challenges supplémentaires, nous avons souhaité que ces indicateurs :
- puissent s’appliquer et correspondre à la totalité de nos publics (lycéens et étudiants)
- soient objectivables et compréhensibles (validés par les institutions et la recherche)
- soient respectueux de la vie privée. Pas question de poser des questions trop intrusives.
Aussi, pour déterminer si un jeune est issu de milieux populaires, l’association prend en compte deux éléments :
- son lycée
- Lycée actuel pour les lycéens
- Lycée de provenance pour les étudiants
- son statut de boursier (du secondaire ou du supérieur)
Les lycées considérés comme faisant partie de notre cible sont eux-mêmes déterminés par plusieurs conditions :
- Établissement fléché directement par les rectorats (grand nombre de jeunes de milieux populaires)
- Établissement à l’IPS global (Indice de Position Sociale) se situe dans le quartile inférieur
- Établissement en QPV (Quartier Politique de la Ville)
- Établissement situé en ZRR (Zone de Revitalisation Rurale) – Futur France Ruralités Revitalisation (FRR) en vigueur le 1er juillet 2024
Une philosophie d’ouverture dans l’intérêt général
Bien entendu, comme dans tout référentiel, ces critères ne sont ni parfaits, ni exhaustifs et nous en sommes conscients. Par exemple, un étudiant en alternance perd son statut de boursier, mais pas les inégalités qui peuvent accompagner cette situation. C’est notamment pour cela que certains programmes d’Article 1 continuent de poser des questions complémentaires, comme par exemple le fait d’être un étudiant étranger.
C’est pourquoi, depuis ses débuts, l’association a choisi d’ouvrir certains de ses services (notamment les plateformes digitales) à l’ensemble des 16-25 ans afin d’en faire bénéficier le plus grand nombre quand cela est possible. Ainsi, depuis le plan gouvernemental “un jeune un mentor”, notre plateforme de mentorat Dema1n.org est ouverte à tous les étudiants qui le souhaitent. Nous renforçons cet accompagnement et proposons des services supplémentaires aux jeunes identifiés comme “public prioritaire” selon les critères présentés ci dessus.
Tout programme confondu, nous avons accompagné 121 833 jeunes issus des milieux populaires et ce sur la période 2022-23. Il correspond à 55% de l’ensemble des jeunes de 16 à 25 ans que nous suivons (221 417 au total), dont 97 750 sont des lycéens et 22 807 des étudiants post bac.