Le président de la République enclenche depuis quelques mois une nouvelle dynamique en faveur de l’égalité des chances.
En octobre 2019, sommés par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche de réfléchir à l’ouverture sociale de leurs établissements, les directeurs des très grandes écoles françaises – ou plus exactement certains d’entre eux – ont proposé la mise en place d’un bonus de points au concours en faveur des étudiants boursiers.
Cette initiative a déclenché une réflexion plus large coordonnée par Martin Hirsch qui inclut également des mesures de bonification en faveur des étudiants issus de milieux populaires. En parallèle, Amélie de Montchalin, Ministre de la transformation et de la fonction publique a annoncé dernièrement la mise en place de voies d’accès spécifiques aux concours administratifs de catégorie A pour les jeunes issus de milieux populaires.
Le débat est lancé et il provoque de nombreuses réactions, où sont invoqués les grands principes d’égalité, d’universalisme et de méritocratie à la française.
Notre position est claire : notre République se doit de rétablir une méritocratie réelle fondée sur l’équité en recourant à de tels dispositifs d’exception.
C’est une réalité statistique, mais aussi une évidence que nous constatons tous : quand on est issu de milieux populaires, il faut plus de volonté, plus de travail, une exigence personnelle et un talent supérieur pour atteindre ces fameux concours.
Dans son article 6, la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen dispose : “Tous les citoyens (…) sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.” Ce sont ces mots – et non une prétendue influence d’outre-Atlantique – qui doivent nous guider dans la reconnaissance des vertus et talents particuliers qu’ont dû déployer ces jeunes pour surmonter les obstacles qui se sont dressés sur leur route.
Ces mesures ne sont pas des mesures d’assistance pour aider les plus défavorisés, par charité ou compassion. Non, elles visent à restaurer le mérite comme valeur cardinale de l’accès aux responsabilités. Personne ne songerait à recruter une équipe olympique en faisant partir certains athlètes à 100 mètres de la ligne d’arrivée alors que d’autres sont placés à 200 mètres. Or, c’est ainsi que nous recrutons nos élites aujourd’hui ! C’est pourquoi ce bonus doit s’appliquer largement tant à l’entrée des grandes écoles que dans les autres filières sélectives, y compris à l’université.
Pourquoi ces mesures sont-elles justes ? Pourquoi sont-elles compatibles avec l’approche juridique et historique de l’égalité à la française ? Pourquoi, en particulier, le bonus sur critères sociaux proposés par les écoles normales – et que nous rebaptisons “bonus au mérite” – est-il la façon la plus élégante de compenser les écarts d’origines ? Quels sont les critères qui pourraient permettre de le mettre en œuvre ? Telles sont les questions abordées dans cette publication. Les réponses proposées croisent les regards de sociologues, d’économistes, d’historiens et de juristes experts de l’égalité des chances.
La mise en œuvre ne sera pas simple. Des voix vont s’élever pour pointer les risques, les biais, les effets d’aubaine. A ces voix, il faudra alors rappeler les risques du statu quo, le biais social considérable des concours tels qu’ils existent et les effets d’aubaine qu’ils représentent pour les milieux favorisés.
La justice et l’équité doivent avancer !
Benjamin Blavier & Boris Walbaum
Découvrez l’intégralité de la note sur le bonus mérite
Octobre 2021