Edito. Impressions post-fusion
Il paraît que les fusions, ça ne marche pas. En tout cas, pas toujours. Surtout les fusions entre égaux et, pire encore, les fusions menées avec une co-présidence. Nous avons parfois rencontré des sourires gentiment ironiques chez ceux qui, comme Clémenceau, jugent que “pour prendre une décision, il faut être un nombre impair et trois c’est déjà trop”.
Nous ne dirons pas que fusionner est simple. Notre exigence et notre ambition communes nous ont guidés afin d’éviter des compromis faciles qui se révèlent coûteux dans la durée. Nous avons collectivement traversé des phases de choix difficiles, de doute sur notre identité en tant qu’équipe, affronter la complexité du droit social, abordé parfois avec perplexité des choix technologiques encore à apprivoiser, surmonté les obstacles immobiliers. Au-delà de la fusion, il nous a donc fallu repenser, dialoguer, accompagner, convaincre, laisser nos égos au vestiaire, bref transformer.
Ce n’était pas simple, mais c’est fait. Nous en sommes tous heureux et fiers. Fiers de nos résultats car, malgré le poids de la fusion, Article 1 a déjà commencé son changement d’échelle ! Au cours de l’année scolaire 2017/2018, 50 000 jeunes ont bénéficié des actions de Article 1, en présentiel ou en digital, contre 20 000 en 2016/2017. Heureux également d’avoir impulsé la création de l’Ascenseur qui matérialise non seulement la réunion des équipes dans un même lieu, mais également le rassemblement de 19 associations engagées pour l’égalité des chances. Nous sommes convaincus que pour faire en grand, il faut faire ensemble. Notre fusion n’est qu’une étape.
Au cours de cette année exigeante, toute l’équipe a été portée par les encouragements que nous avons vu se multiplier vis-à-vis de la promesse de Article 1, chez nos partenaires, nos jeunes, nos bénévoles :
donner à tous, massivement et non par exception, une égale liberté de choisir son avenir sans considération d’origine.
C’est avec une grande joie que nous avons appris notre sélection par le Gouvernement parmi les 22 associations françaises pionnières du “French Impact”. La labellisation par le ministère de l’enseignement supérieur de notre plateforme d’aide à l’orientation Inspire a couronné quatre années d’expérimentation. La reconnaissance de nos actions a pour la première fois traversé les frontières lorsque nous avons reçu le prestigieux prix international de la fondation royale d’Espagne qui récompense les associations les plus investies en faveur de la jeunesse.
Alors, oui, nous sommes heureux et fiers de ce que nous avons accompli cette année, mais comment l’être vraiment quand les défis de notre pays et du monde s’accumulent et risquent de nous faire basculer ?
Les regroupements et le changement d’échelle ne sont plus un luxe pour l’économie sociale et solidaire, c’est devenu un impératif social et environnemental.
Benjamin Blavier et Boris Walbaum
Co-fondateurs Article 1