Pour toucher les jeunes de milieux ruraux (ou de petites villes isolées), Article 1 lance le premier Contrat à impact social sur l’éducation alliant fonds privés et fonds publics en tant que payeurs finaux.
Des jeunes “contraints” : 18km, c’est la distance que doit parcourir un jeune pour se rendre chaque jour dans son établissement scolaire
Déficit de capital culturel et économique, manque de perspectives et de confiance, absence de réseau, ambition scolaire réduite, filière courte privilégiée…ces jeunes naissent avec un éventail de destins plus restreints.
Un jeune tend à élaborer un projet professionnel en fonction de ce qu’il connaît déjà. Le milieu social dans lequel il évolue est souvent clé. La proportion d‘artisans, ouvriers et agriculteurs est plus importante que celle des cadres et des employés dans les campagnes (11 millions de Français soit 18% de la population). Les entreprises, et les possibilités d’insertion professionnelle sont de plus en plus concentrées dans les grands centres urbains, créant ainsi une situation d’éloignement de ces jeunes par rapport au monde de l’entreprise.
A cela, il faut rajouter un éloignement des ressources pédagogiques et culturelles, des options sportives, artistiques restreintes… 18km, c’est la distance que doit parcourir un jeune pour se rendre chaque jour dans son établissement scolaire. Les lycéens ont donc le choix entre l’option formation disponible à proximité et l’option “déracinement”. Quand la seconde option est envisagée, la contrainte financière vient souvent clore le débat. Du coup, les jeunes des zones rurales s’orientent vers des études courtes car moins onéreuses. Après le bac, 47% d’entre eux s’orientent vers des filières technologiques courtes types BTS ou DUT.
Cependant, au sein des filières de l’enseignement agricole, l’obtention d’un BTS reste un atout fort pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes.
Le CIS, une véritable opportunité d’ouverture sociale
Le Contrat à Impact Social (CIS) à pour objectifs d’accompagner 1 000 jeunes en régions Hauts de France et Occitanie, provenant de l’enseignement agricole pendant une durée de 5 ans : lutter contre le décrochage scolaire des élèves boursiers issus de bac professionnel, les motiver à poursuivre leurs études en leur donnant confiance en eux et en leurs capacités à aller jusqu’à l’examen de fin de cycle…
Le CIS permet à des acteurs sociaux de mener un projet innovant et générateur d’économies pour les pouvoirs publics, tout en faisant porter le risque financier à des investisseurs privés. La phase d’ingénierie (structuration) a nécessité près de 18 mois en raison du caractère inédit et complexe du montage juridique et financier, renforcé par la diversité et des nombreuses parties prenantes associées. Il est à noter que le Contrat à Impact Social Article 1 est le premier CIS éducation alliant fonds privés (rassemblés au sein du Fonds B grâce à un donateur privé) et fonds publics (Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, Ministère de la Transition Écologique et Solidaire et Ministère de l’Economie et des Finances) en tant que payeurs finaux.
Il y a toujours eu dans la volonté d’Article 1 de ne pas être uniquement un réseau présent dans les plus grandes villes, qui concentrent la majorité des grandes entreprises françaises mais bien un réseau présent sur tout le pays afin d’aller distiller ses programmes y compris dans les territoires plus isolés. Le Contrat à Impact Social est une véritable opportunité d’expérimenter et de déployer nos dispositifs auprès des jeunes de milieux ruraux peu couverts par des programmes d’Égalité des Chances.
“Le CIS nous permet de venir dans des zones péri-urbaines et rurales où nous ne pouvions agir auparavant et où les actions d’égalité des chances sont parfois moins développées. Nous souhaitons co-construire notre programme avec l’Enseignement Agricole et venons donc en complémentarité des actions menées par les établissements scolaires avec lesquels l’accueil a été très chaleureux lors de la mise en place de la première phase d’expérimentation. Notre souhait est de faire changer de regard les jeunes sur leur perception d’eux-mêmes pour des parcours d’orientation et d’insertion éclairés et choisis en confiance. » précise Aurélie Lucas, responsable CIS Article 1.
“Les professionnels, qui accueillent nos élèves en stage, ont un rapport privilégié avec le jeune qui s’épanouit auprès d’eux. C’est l’objet d’une alliance éducative entre l’école et l’entreprise qui favorise la réussite de nos apprenants. Les ateliers développés au lycée dans le cadre du partenariat avec Article 1 renforcent cette liaison. En cohérence avec le projet pédagogique, la présence des professionnels au sein de l’établissement, le lien plus étroit entre les deux environnements que côtoient les jeunes au cours de la formation, confortent la prescription d’un projet post-bac. Car, appuyée par le professionnel, la trajectoire scolaire au-delà du bac fait autrement sens chez l’élève, plus en confiance, mieux convaincu sans doute de sa pertinence.” proviseur d’un lycée partenaire.
Si l’on veut tenir la promesse républicaine, il faut aller chercher les talents partout où ils se trouvent. Les entreprises doivent se mobiliser pour aider l’école dans sa mission de promotion sociale. Elles sont légitimes pour cela, car elles peuvent compenser le déficit de capital culturel et de culture économique, le manque de perspectives et de confiance, et l’absence de réseau de ces jeunes. C’est avec cette collaboration de terrain entre l’école et l’entreprise que l’on pourra offrir à tous des conditions équitables pour construire des projets d’études ambitieux.” ajoute Benjamin Blavier, Co-fondateur & coprésident de Article 1.
Sur le terrain “Ça m’a permis de me connaître plus, de changer de regard et de me surpasser”
La première phase d’expérimentation a débuté en septembre 2018 auprès des élèves de premières professionnelles dans 11 lycées partenaires. Les 19 premiers ateliers organisés ont porté sur le thème de la “connaissance de soi”. Les 20 ateliers restants portent eux sur les codes entreprises.
“Bien que notre équipe éducative accompagne l’orientation et promeuve la poursuite d’études auprès des jeunes, nous déplorons en général chez les élèves un manque d’ambition scolaire malgré leurs aptitudes. C’est le cas dans la filière aménagement paysager en particulier où couramment la seule perspective du bac professionnel motive. Cet écart entre les besoins de l’entreprise et le niveau de compétences du jeune est objectivement un frein à son insertion future et sa progression ultérieure.” raconte le proviseur de lycée.
“Nous avions une réelle volonté d’intervenir auprès des jeunes de bac professionnel des lycées agricoles pour lesquels la confiance en soi et la levée des auto-censures sont de véritables freins à la persévérance scolaire. Les rencontres avec les acteurs sur le terrain, tels que les proviseurs, les enseignants, les élèves mais également les professionnels, ont pu confirmer les besoins essentiels sur ces thématiques pour aider les jeunes à avancer dans leurs parcours scolaire et professionnel. Nos actions peuvent les surprendre car elles diffèrent de leur quotidien notamment les réflexions sur la connaissance de soi que les lycéens abordent parfois pour la première fois et qui leurs permettent de prendre conscience de leurs forces. » rajoute Aurélie Lucas, responsable CIS Article 1.
La mise en oeuvre du CIS s’étale sur 5 ans afin de suivre les cohortes sur plusieurs années et de mesurer l’impact de nos ateliers et programmes sur le long terme.
Fiche détaillée du CIS ici