Enfant du Bénin, amoureux de son pays, Boris Hounkponou quitte l’Afrique de l’Ouest en 2010, en postulant à des formations post-bac en France. Passionné par le développement énergétique, sa volonté était de continuer ses études en école d’ingénieur, sachant qu’aucune école de ce type n’existait dans son pays. Son dossier est accepté en école d’ingénieur, l’ENSEA. Il nous raconte son parcours atypique et inspirant…
Boris, d’où viens-tu ?
Je suis issu d’une famille polygame, 10 frères et sœurs, le 7ème sur 10, une famille très pauvre mais tellement ambitieuse. Tous mes frères et sœurs sont sortis major de leur promo ! J’ai travaillé pendant deux ans, sur un projet d’électrification d’une ville, afin de financer mon voyage et d’étudier en Europe. Mon ambition, devenir ingénieur. Aujourd’hui, je mets toutes les chances de mon côté. Ce qui m’a le plus marqué au cours de mes études au Bénin, c’est le fait d’avoir seulement 7 mois d’électricité par an, avec des coupures incessantes.
Tu as quand même réussi à étudier ?
Ma grande force est ma famille, j’ai eu des frères et sœurs qui travaillaient énormément et me poussaient à me dépasser. Ma famille a joué un rôle primordial dans mes décisions. Notamment en 4ème, quand j’ai eu un décrochage scolaire, je préférais jouer avec mes potes au lieu d’étudier. Ma famille, au lieu de punir, m’a poussé intelligemment à reprendre mes études, sans me contraindre. Ça a été une période très importante dans ma vie. Mon père nous a inculqué cette rage de réussir. Aujourd’hui, on lui a prouvé qu’il a eu raison de nous faire confiance.
Ton rêve aujourd’hui, c’est quoi exactement ?
Mon rêve : donner un accès à l’électricité à 100% des habitants 7 jours sur 7 du Bénin.
Demain, tu te vois travailler dans une grande entreprise, ou devenir entrepreneur ?
A court terme j’aimerais travailler dans une entreprise, mais à long terme mon rêve est de faire de entrepreneuriat. Au Bénin, j’ai remarqué un abus des entreprises d’énergie, elles ont tendance à surévaluer les prix. Ils ne cessent d’augmenter, avec des scandales de corruption devenant presque habituels. Je veux créer ma propre boite pour permettre aux habitants d’avoir des prix plus justes.
Tu aimerais retourner au Bénin ?
Oui, la France est une première étape, tisser des liens, avoir du réseau pour plus tard. S’enrichir pour revenir plus fort.
Quelles sont tes motivations pour réussir ?
[Sourires] L’envie de réussir : je me le dois pour moi-même. J’ai un parcours atypique et j’ai envie d’aller le plus loin possible. Ma route n’a pas été sans embûche. J’ai eu un décrochage scolaire en 4ème, deux ans plus tard, je me suis rendu compte de l’importance des études. Mais grâce au soutien de ma famille, les critiques toujours positives, cela m’a redonné confiance en moi. Mes modèles de réussite sont mes grands frères. Et surtout mon père, qui m’a appris la persévérance.
Es-tu engagé dans la vie associative ?
C’est une évidence pour moi. Au Bénin, je donnais des cours de maths gratuitement, à des jeunes de mon quartier pour les motiver. En France, dans mon école je fais partie d’une association de solidarité internationale, qui a pour vocation d’électrifier un village au Bénin. Les valeurs d’Article 1 me touchent particulièrement. En ce qui concerne l’égalité, j’ai été victime de discriminations, j’habitais à Sevran dans le 9-3, pas facile de décrocher un stage, quand tu as ça dans ton CV. J’ai voulu devenir ambassadeur Different Leaders pour conseiller les jeunes et redonner goût à l’importance des études.
Quel conseil peux-tu donner aux jeunes pour réussir ?
Croyez en vous, les autres suivront ! Peu importe ses moyens financiers, il faut persévérer et croire qu’on peut y arriver. Barack Obama, Bill Gates, ont un cerveau, moi aussi, donc pourquoi je n’y arriverais pas ?!
Interview de Boris Hounkponou réalisée par Anas Saidi, Different Leader
Photo Gwel